Nous étions invités à la conférence inversée sur la monoparentalité, organisée par la Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les Femmes et les Hommes et de la lutte contre les discriminations. De vous à nous, nous sommes quelque peu embarrassés par ce compte-rendu. Pas mal d’associations étaient invitées à “participer” à cette rencontre télévisée (diffusée […]
Nous étions invités à la conférence inversée sur la monoparentalité,
organisée
par la Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les Femmes et les Hommes et de la lutte contre les discriminations.
De vous à nous, nous sommes quelque peu embarrassés par ce compte-rendu.
Pas mal d’associations étaient invitées à “participer” à cette rencontre télévisée (diffusée en streaming, post « gilets jaunes » oblige).
Nous étions accueillis à 14h15, pour un démarrage prévu à 15h.
Après avoir déambulé un café offert à la main, nous voilà comme tout le monde autour d’un ring (les cordes en moins), où les chaises étaient installées.
Sur chacune d’elles, un programme respecté à la lettre annonçait l’après-midi :
– Paroles des personnalités politiques pour ouvrir la conférence Marlène Schiappa en tête, suivie de Christelle Dubos, de Mounir Mahjoubi, puis de Guillaume Gouffier-Cha et de Benjamin Griveaux,
– témoignages d’enfants de monoparent et de mères,
– puis en clôture de nouveau la parole était donnée aux représentants politiques pour remercier tout le monde et rappeler les propositions faites par les témoins du jour :
* La mise en place d’un chèque emplois service pour la garde d’enfants
* La mise en place d’un guichet unique centralisant tous les droits accessibles aux monoparents à la CAF
* Étendre l’aide juridique pour les monoparents
* Mettre en place une aide psychologique dédiée aux monoparents
* Proposer du troc de services entre monoparents
* Lutter contre la précarité
* Mise en place d’une carte “Petite Famille” en regard de la carte famille nombreuse.
Et bien nous, malgré tout ça, nous sommes restés sur notre faim.
Il nous manque 2 ou 3 volets sur lesquels nous attendions une prise de conscience.
Et puis, on imagine facilement que beaucoup d’associations auraient apprécié un micro, ou plus important, participer elles aussi à cette grande collecte de propositions pour aider les monoparents.
1er point :
Première difficulté, en dehors des très faibles moyens avec lesquels souvent des monoparents (pas tous) doivent composer, c’est l’isolement, la perte de lien social qui pèse très lourd. Aucune prise en considération de cette difficulté au milieu des idées émergentes. Pourtant cette donnée est la constante qui permet de mieux s’en sortir, ou pas. Car nous l’avons mesuré, enquête à l’appui, les parents qui se battent pour maintenir un lien social s’en sortent mieux, sont plus apaisés et vivent mieux leur situation.
C’est LA priorité (après toutes les autres pour nos enfants), mais c’est aussi la chose la plus difficile quand on court du matin au soir, 7 jours / 7.
2ème point :
Les pressions au travail et le sentiment qu’il est prudent de cacher à son employeur sa monoparentalité rendent la vie des parents plus fragile et plus stressante.
Là encore, la prise de conscience et des actions vers les entreprises pour les rendre actrices de l’amélioration des conditions et de la protection de l’emploi des monoparents seraient nécessaires. Mais rien non plus dans ce sens.
3ème point :
Le logement, car même si dans la pratique certains monoparents trouvent un hébergement en HLM, ce n’est pas une généralité, loin de là. Et les conditions de logement imposent souvent aux monoparents de s’éloigner de leur lieu de travail et des grandes agglomérations pour trouver des loyers abordables.
C’est la double peine : moins de temps pour les enfants et plus stress loin de l’école en cas de bobos, et plus d’isolement après le déménagement.
Quant à l’accès au crédit immobilier, c’est encore un chemin de croix quand on est seul à en supporter la responsabilité.
Enfin, 4ème point :
Vivre sa condition de monoparent s’apprend, trop souvent sur le tas, face aux épreuves.
S’organiser, gérer un budget, garder du temps pour jouer, chercher et trouver de l’aide … mais aussi apprendre à se réserver du temps pour souffler et se ressourcer. Nous avons le recul et l’expérience de mamans qui s’en sortent. Pourquoi ne pas en faire profiter les autres ?
Et de manière plus étendue, alors que plusieurs associations mènent des combats formidables, pourquoi ne pas profiter de leurs expériences ? Pourquoi ne pas leur demander ce dont elles auraient besoin pour mener à bien leurs actions ?
Alors, quoi penser de cette rencontre finalement ?
Tout est question de perspective.
Tout est question de perspective.
Soit l’action s’arrête là, à quelques effets de scène des prestidigitateurs. Mais on se refuse à le croire …
Soit, c’est le début d’une prise de conscience collective qu’il faudra accompagner dans le temps et faire partager avec tout un pays. Et là, dans ce cas, nous devons considérer la rencontre du 7 mars 2019 comme historique et pleine d’espoir !
Enfin, les monoparents ont pu exprimer ce qu’étaient leur quotidien, leurs peurs, leurs combats. Enfin, ils (elles surtout) ont été entendus. Donc si c’est ce premier pas, un acte fondateur, alors c’est une première victoire.
Alors là tout de suite, on fait quoi ?
Nous continuons à faire des propositions concrètes, pour améliorer les quotidiens des monoparents, aux personnes en charge de soutenir l’action gouvernementale, dans l’ombre des personnalités politiques.
D’ailleurs, nous vous mettons à contribution pour collecter vos idées et les additionner aux nôtres.
On peut tous y changer quelque chose.
Partage d’expériences,
bons plans, solutions, rencontres,
entraide ...