La place du père dans les familles monoparentales

La place du père dans les familles monoparentales

La place du père dans la famille a considérablement évolué au cours des années. Il y a loin du patriarche tout puissant au père-copain d’aujourd’hui. Cela, on le sait. Examinons alors les conséquences de cette évolution, en particulier dans les familles monoparentales.

Tout commence par une question : à quoi ça sert, un père ?

Sachant qu’il existe au moins deux « pères » :
– Le père biologique (celui qui a conçu l’enfant avec la mère),
– Le père qui élève l’enfant, le père-éducateur, celui qui est présent dans l’éducation.

Dans les générations précédentes, le père, personne en chair et en os, réunissait toutes ces facettes. Mari et amant de la mère, père biologique et éducateur. Aujourd’hui, les divorces et séparations diverses modifient considérablement les rôles et les fonctions et cela a des conséquences pour la construction intérieure des enfants.

Un autre phénomène modifie en profondeur les liens familiaux : La possibilité des recherches en paternité. Depuis toujours, la mère est connue et le père incertain. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Le père est également certain. Sa paternité peut être très facilement confirmée ou infirmée. Et, paradoxalement, c’est au moment où les pères sont assurés de leur paternité que l’on se pose la question de leur place et de leur rôle. Question qui n’aurait pas pu se poser dans les générations antérieures. Mais alors à quoi ça sert un père ?

Comme mari et amant de la mère, il oblige celle-ci à rester ou à se sentir femme et pas seulement mère. Et, ce n’est pas si facile. A la naissance, les corps de la maman et du bébé se séparent, c’est pourrait-on dire la première naissance, mais les psychismes ne se séparent pas si vite. Face au bébé, qui a tant besoin d’elle, la maman éprouve très fort la tentation de rester dans une relation « fusionnelle ». C’est le premier rôle du papa, de la naissance à l’âge adulte : séparer la maman et l’enfant. Donner naissance à un être qui va se vivre comme séparé de la mère, qui va se constituer un espace propre dans lequel il pourra évoluer.
C’est essentiel. Grandir est un lent processus de séparation à la mère. Que chacun trouve un espace de liberté, en lien avec sa mère, mais pas étouffé par elle. Cela demande une mère vivant sa propre vie, sans être entièrement tournée vers ses enfants.

Comme père-éducateur, le père joue le rôle général de transmettre l’autorité et la loi. Il est moins dans la consolation, il se situe plutôt dans une forme d’exigence : « Relève-toi et avance », pourrait-il dire à l’enfant qui tombe en apprenant à marcher . Là où la maman console et soigne.
Il permet au fils de s’identifier au masculin. « Quand je serai grand, je serai plus fort que papa ». Il offre à la fille un bon regard, un socle pour grandir et se sentir porté par un regard d’homme.
le père est celui, qui, par définition frustre le petit enfant, puisqu’il accapare la mère. « Non, ta mère n’est pas à toi. Elle vit ailleurs». Cette frustration essentielle, l’enfant en a besoin. C’est dans cet espace de manque qu’il peut se construire comme individu séparé.

Alors, vous l’entendez, cela est le modèle idéal et traditionnel ! Une mère douce et consolante, un père autoritaire et bienveillant. Des enfants qui grandissent en se différenciant doucement et en s’identifiant à chacun des parents et à un couple qui s’aime.
Un modèle idéal et …. Culpabilisant ! Car on n’y arrive pas. Ni dans les familles traditionnelles, ni dans les familles monoparentales. Et c’est bien ce que révèle les familles monoparentales. 3 millions de familles monoparentales en France. Vous n’êtes pas seuls à ne pas vivre dans ce modèle idéal. Même si cela recouvre des situations bien différentes.

 

Vous lisez cet article et vous êtes une mère monoparent :

 

Avec un père, non présent dans le foyer, mais présent dans le quotidien des enfants. Que vous trouviez qu’il joue bien son rôle ou non, il est le père de vos enfants. Même si cela est conflictuel et compliqué. Sauf bien sur, situation extrême vous mettant ou mettant les enfants en souffrance.

Avec un père absent dans la vie quotidienne de vos enfants.
La question se pose alors : « qui joue ce rôle dans la vie de vos enfants (séparer et servir de modèle masculin). Un autre homme ? Pourquoi pas. Plusieurs autres hommes (un oncle, un grand-père, un instituteur) ? Pourquoi pas.
Vous ? Toute seule ? Pourquoi pas non plus. Certaines y arrivent. Mais c’est lourd et délicat et évidemment difficile. Parfois, on n’a pas le choix et ça peut être suffisant. Parce que les enfants sont des têtes chercheuses et qu’ils trouvent ce dont ils ont besoin. Mais alors, il faut faire vivre des relations sociales et ne pas s’isoler. Pour que l’enfant trouve et reconnaisse autour de lui ce dont il a besoin.
Il est important que vous gardiez en tête que vos enfants ont un père. Absent peut-être mais présent lors de leur conception. Gardez-le en tête et laissez-le exister dans la tête de vos enfants. Peut-être pouvez-vous parler de lui avec eux ? Pas seulement en négatif et en absence, mais aussi rappeler ses caractéristiques, raconter pourquoi vous avez eu envie d’un enfant avec cet homme-là, pourquoi vous l’avez aimé etc. Il ne s’agit pas d’être angélique, mais de ne pas en donner une image toute sombre qui découle de la séparation. Il y a surement eu du positif.

Il est important aussi, que vous ne perdiez pas de vue que vous êtes une femme et que le désir d’une rencontre avec un homme reste un axe intérieur. Même si ce n’est pas tout de suite, même si les séquelles de la séparation sont traumatisantes, gardez vivant ce désir, ce possible au fond de vous. C’est important que vos enfants ne soient pas « tout » pour vous. Qu’ils ne soient pas porteurs de tout votre amour et de tout votre investissement affectif.

 

Vous lisez cet article et vous êtes un père monoparent

 

Ce n’est pas plus simple de trouver votre place de père, puisque vous devez, comme les mères seules, jouer les deux rôles en un. C’est lourd et difficile dans le quotidien. Mais, souvent les hommes seuls sont plus épaulés par les femmes autour d’eux et des réseaux de solidarités se créent plus spontanément. Pour vous aussi, il est important que l’enfant trouve sa place, sa sécurité, qu’il se sente accueilli et aimé, mais qu’une femme ou au moins une image de femme existe dans votre tête et dans votre vie si c’est possible. (Souvent, c’est votre mère, et si cela dépanne un temps, c’est rarement la situation idéale, car face à la mère, le risque est fort que le père retrouve sa place d’enfant et cela risque d’être peu structurant pour l’enfant.)

Bien sûr, tout dépend de l’âge de l’enfant. Plus il est petit, plus la maman (ou fonction maternelle) est importante, mais très vite, la fonction de séparation doit être active. Très vite, l’enfant doit apprendre qu’un autre existe et que lui, le petit enfant n’est pas tout puissant. Tout au long de l’éducation, ensuite, il doit se heurter à ce « tiers » entre lui et sa mère. C’est source de conflits, mais c’est essentiel. Et rassurant ! Cela adoucit deux angoisses : une angoisse psychique : ne pas être étouffé par une image de mère qui prendrait toute la place, et une angoisse plus ancrée dans le réel : s’il arrive quelque chose au monoparent, quelqu’un (ou quelques-uns) sera là pour s’occuper de lui. Tous les enfants traversent ce type d’angoisses.
C’est encore plus vrai à l’adolescence où il faut contenir les débordements, les angoisses et les pulsions. On n’est pas trop de deux, de trois ou de quatre… à chacun de trouver ses appuis, mais il ne faut pas avoir honte de chercher « du père » Bien au contraire !

La question de la place du père dans les familles monoparentales nous amène à observer ce que Freud et surtout Jung ont évoqués dès les débuts de la psychanalyse : Chaque être humain est composé d’une part masculine et d’une part féminine. C’est pour cela que chacun peut jouer un rôle de père et de mère. C’est pour cela aussi que parfois les mères sont plus autoritaires que les pères et les pères plus apaisants…
Ce que l’on appelle « le féminin » est la part réceptive, accueillante, consolatrice. Ce que l’on appelle « le masculin » est la part plus active, plus combative. Cela ne veut pas dire que nous sommes des êtres indifférenciés. Mais qu’être une femme est un alliage particulier de féminin et de masculin, tout comme être un homme.

Mais jouer tous les rôles est exténuant et il est important de garder en tête et de soutenir chez les enfants un bon sentiment de sécurité pour qu’ils puissent grandir et se séparer de leurs parents. C’est toujours difficile, mais un peu plus simple quand ils ne se sentent pas redevable de tout l’investissement affectif du parent. Ne pas s’isoler est fondamental.

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